Peinture, un marché qui représente en 2009 près de 600 M€.
Souhait d’un intérieur remis au goût du jour et nouvelles couleurs sont les moteurs du marché.
Dimanche 15 mai 2011, Capital s’est penché sur la France qui bricole et a diffusé une enquête de Jérôme Lévy sur les peintures «nouvelles générations».
La révolution des peintures
Les peintures faciles à étaler et qui sèchent rapidement permettent aux français de rafraîchir eux-mêmes leurs murs.
Repeindre son intérieur prenait du temps, les choses changent.
Avant on attendait que les murs soient décrépis, maintenant c’est en moyenne tous les trois ans que les français sortent leurs pinceaux pour donner un coup de neuf à leur environnement quotidien.
Les fabricants ont transformé un simple produit de bricolage en un produit tendance
Ainsi une offre de couleurs plus flashy et la simplicité d’utilisation des peintures répondent parfaitement à la demande des français pour le do it yourself.
Le rayon peinture des magasins de bricolage présentent 500 références et une dizaine de marques différentes.
Dans la peinture comme dans l’habillement, il y a des modes
Couleur et style sont renouvelés chaque saison.
A partir d’un panel de 12 000 couleurs, les stylistes des fabricants décident des couleurs qui se vendront dans la prochaine collection.
50 % des ventes du marché sont des peintures monocouche
Une couleur tendance, ça ne suffit pas pour en faire un produit qui marche. Aujourd’hui, pour séduire les consommateurs, une peinture doit remplir un autre critère essentiel, être très simple à utiliser.
Les fabricants ont eu une idée simple mais révolutionnaire : inventer une peinture monocouche applicable en seulement quelques minutes.
Une fine couche et un très bon pouvoir couvrant
Avant sa mise en vente, la peinture subit un examen de passage : le test de la bande noire.
Moins on utilise de peinture pour recouvrir et ne plus voir cette bande noire, plus c’est une couche fine et donc une peinture plus facile à utiliser.
Si la peinture est plus épaisse, elle est plus longue à appliquer.
Une poudre blanche qui permet à la peinture d’être plus opaque et plus facile à poser
Le secret de ces peintures «nouvelles générations» réside dans un nouvel ingrédient extrêmement rare et très coûteux.
En effet, une peinture est composée de :
- résine qui lui donne sa consistance,
- d’eau qui permet son application,
- et d’un minerai qui n’existait pas avant mais que l’on trouve maintenant dans toutes les peintures du monde : le dioxyde de titane.
Cet élément permet à la peinture d’être plus opaque et plus facile à poser. Avec une mise en œuvre plus aisée des peintures monocouche il permet aux français de remettre au goût du jour leur intérieur.
Ce minerai livré en poudre aux fabricants permet de :
- donner leur couleur aux peintures,
- opacifier le support donc de le couvrir,
- donner un caractère de durabilité au film de peinture.
Le dioxyde de titane est la matière la plus chère de la peinture.
Il est si important pour le produit final qu’il coûte 2€/kg, c’est en moyenne 1/3 du prix du pot que le consommateur paye.
Problème, avec la demande mondiale en peinture, ça en fait le minerai le plus convoité de la planète.
Une mine à Madagascar
L’émission nous transporte à Madagascar où se trouve à Fort Dauphin le plus gros gisement de titane au monde.
Là sur 6000 hectares, la mine est exploitée par la première multinationale minière Rio Tinto, qui possède également les quelques autres gisements de la planète.
C’est dans le sable que Rio Tinto trouve son titane. Pour cela, le sable noir est extrait de la carrière par aspiration avec de l’eau. Un traitement mécanique secoue le sable pour séparer le titane du sable.
L’usine vend 750 000 tonnes de titane par an. Il sera traité chimiquement en dehors de Madagascar pour en faire la poudre blanche utilisée par les fabricants de peinture.
L’écosystème menacé
Pour cette exploitation il a fallu raser des millions d’arbres qui ne seront replantés qu’à la fin de l’exploitation. Avec l’augmentation de la demande mondiale en peinture, Rio Tinto a prévu de rester au minimum 50 ans à Madagascar.
Mais l’eau douce nécessaire pour l’extraction a demandé la construction d’un barrage qui a semble t’il bouleversé l’écosystème du site. Les pêcheurs ne vivent plus des captures sauvages de poissons.
Dans le village concerné, Rio Tinto a offert aux pêcheurs des compensations, des élevages d’anguilles pour remplacer la pêche traditionnelle.
Des questions sur la toxicité
L’enquête n’évoque pas la suspicion de l’éventuelle toxicité de l’oxyde de titane.
Cette question est légitime car l’oxyde de titane a remplacé dans les peintures un polluant : le plomb.
On trouve des éléments sur les sites du Point.fr ou d’Agoravox.
Rareté des ressources
Pour ma part je préfère mettre l’accent sur la rareté de la ressource et l’impact environnemental pour les populations riveraines de l’extraction des gisements de titane.
Aussi comme le directeur de Rio Tinto a appelé le titane son «or noir», je termine ce billet en citant un spécialiste du marché des matières premières et auteur du livre «des épices à l’or noir» Bourrin éditeur.
« Les déchets sont la matière première de l’avenir. Il y a là un potentiel extraordinaire et l’illustration du vieux rêve des alchimistes : transformer l’impur en or. Et ne plus rien perdre de ce que nous arrachons à la planète. Le prix du baril de pétrole à cent dollars incite à retrouver ce sens de la rareté. Notre rapport aux déchets a donc commencé à changer. Qui produit massivement ces déchets ? Nous, les pays riches. Aujourd’hui, nous tirons parti d’un quart de ce qui pourrait être exploité. Le poète Paul Valéy a dit : « Le temps du monde fini commence. » Nous y sommes. »
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