Diverses questions posées sur le transport des déchets contenant du prion et qui ne pouvaient être décontaminés sur place, m’ont conduit à vous proposer cette analyse.
Qu’est ce qu’un prion ?
Le prion est une protéine.
On distingue les prions de mammifères qui infectent l’homme et certaines espèces animales, des prions retrouvés sur des champignons.
Les prions de mamifères sont responsables d’encéphalites spongiphormes transmissibles (EST), parmi les plus connues on trouve les différentes de la maladie de Creutzfeldt-Jacob.
L’ensemble de ces maladies se caractérise par une dégénérescence du sytème nerveux central (cerveaux et moelle épinière).
Noter qu’au XVIIIe siècle on découvrait la tremblante du mouton, et au début XXe siècle la démence présénile humaine.
Classement des prions selon l’ADR
Les prions sont clairement cités dans la définition des agents appartenant de la classe 6.2. (cf. 2.2.62.1.1).
D’une manière générale, les matières infectieuses doivent être classées dans la classe 6.2 et affectées, selon le cas aux numéros :
UN 2814 Matières infectieuses pour l'homme ;
UN 2900 Matières infectieuses pour les animaux uniquement ;
UN 3291 Déchets d'hôpital (ou médicaux) ;
UN 3373 Matières biologiques (de la catégorie B).
L’affectation au n° UN2814 et 2900 est réservée aux agents de la Catégorie A : matière infectieuse qui, de la manière dont elle est transportée, peut, lorsqu'une exposition se produit, provoquer une invalidité permanente ou une maladie mortelle ou potentiellement mortelle chez l'homme ou l'animal, jusque-là en bonne santé.
A noter que la manière de transporter, en partculier l’emballage, joue un rôle important dans le classement. Dans le cas du code UN2814 il s’agira d’un triple emballage répondant aux exigences les plus strictes.
L’ADR propose des tableaux définissant les agents infectieux pour l’homme de catégorie A.
1) Ce tableau comprend essentiellement des agents infectieux en culture* (exemple VIH, Hépatite B, virus de la rage, virus de la fièvre jaune, Escherichia coli, …).
(*) "Cultures", le résultat d’opérations ayant pour objet la reproduction d’agents pathogènes. Cette définition n’inclut pas les échantillons prélevés sur des patients humains ou animaux.
2) Dans le tableau, les agents de la catégorie A qui ne sont pas des cultures sont des virus hémoragiques mortels à très court terme :
- Virus de la fièvre hémorragique de Crimée et du Congo
- Virus d'Ebola
- Virus flexal
- Virus de Guanarito
- Virus Hantaan
- Hantavirus causant la fièvre hémorragique avec syndrome rénal
- Virus Hendra
- Virus de Junin
- Virus de la maladie de la forêt de Kyasanur
- Virus de la fièvre de Lassa
- Virus de Machupo
- Virus de Marbourg
- Virus de la variole du singe
- Virus de Nipah
- Virus de la fièvre hémorragique d'Omsk
- Virus de Sabia
- Virus de la variole
Les prions ne sont pas cités.
Le tableau n'est pas exhaustif, mais seuls les agents pathogènes nouveaux ou émergents, qui n'y figurent pas mais répondent aux mêmes critères doivent être classés dans la catégorie A.
Conclusion : classement des prions selon l’ADR
Sauf s’il s’agit éventuellement de cultures, les déchets contenant des prions n’ont a priori pas à être classés sous le n°UN2814.
Dans le cas de déchets contaminés aux prions destinés à l’élimination on peut éventuellement hésiter entre le n° UN 3373 (matières biologiques) et UN 3291 (déchets médicaux).
A mon sens, on est souvent plus proche de la définition du déchet médical (UN3291) dans le cadre de l’élimination de déchets contaminés aux Prions.
Rappel des définitions de l’ADR
"Produits biologiques", des produits dérivés d'organismes vivants et qui sont fabriqués et distribués conformément aux prescriptions des autorités nationales compétentes qui peuvent imposer des conditions d'autorisation spéciales et sont utilisés pour prévenir, traiter ou diagnostiquer des maladies chez l'homme ou l'animal, ou à des fins de mise au point, d'expérimentation ou de recherche. Ils englobent des produits finis ou non finis tels que vaccins, mais ne sont pas limités à ceux-ci ;
"Déchets médicaux ou déchets d'hôpital", des déchets provenant de traitements médicaux administrés à des animaux ou à des êtres humains ou de la recherche biologique ;
"Échantillons prélevés sur des patients", des matériaux humains ou animaux recueillis directement à partir de patients humains ou animaux, y compris, mais non limitativement, les excrétas, les sécrétions, le sang et ses composants, les prélèvements de tissus et de liquides tissulaires et les organes transportés à des fins de recherche, de diagnostic, d’enquête, de traitement ou de prévention.
D’autres spécialistes pourraient à ce titre donner leur avis dans la zone commentaire.
F. BERTOLINI, Responsable formation et Conseiller à la sécurité de Labo-Services
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